Enfant, j'étais assis dans la baie d'une île de notre maison d'été, mangeant des sandwichs et buvant le jus de fraise maison de grand-mère, sans aucun souci. Je me souviens de l'immense joie qui régnait parmi nous lorsque papa ou maman sortait la canne à pêche fabriquée à la maison, avec quelques homards dans un bocal en verre. Nous nous asseyions et fixions le flotteur à l'infini, espérant qu'un gardon ou une perche s'empare de notre hameçon appâté.

Ce souvenir précis me revient très souvent, que ce soit en ciblant une autre grosse carpe ou une carpe rare, en essayant un autre plan d'eau sans pression sur la rivière pour pêcher le brochet ou peut-être lors d'une autre mission dans les bois enneigés à la recherche d'une grosse perche d'hiver.

C'est avant tout ce souvenir qui allume l'étincelle en moi, et qui maintient mon intérêt pour la pêche encore et encore. Évidemment, avec tous les bons souvenirs que j'ai accumulés au fil du temps. Mais ces petits gardons et ces perches m'ont rapidement mis sur la voie pour continuer à chercher la prochaine rencontre passionnante. Pas nécessairement des poissons records, mais toujours quelques cibles qui ont gardé la flamme assez forte. C'est principalement ainsi que j'aime continuer à pêcher, en mettant en place des projets ou des défis pour moi et mes compagnons de pêche, en essayant d'établir une sorte de plan et de s'y tenir pour découvrir ce qu'il apporte ou si nous pouvons briser le code.

Je me considère principalement comme un pêcheur de carpe depuis la fin de mon adolescence, dès que j'ai commencé, rien d'autre ne pouvait m'approcher. Cela me convient très bien dans ma vie ordinaire et cela remplit tous les critères que j'attends de la pêche, elle a tellement de dimensions autres que la capture du poisson. Elle m'a également permis de rencontrer certains des meilleurs amis que j'aie jamais rencontrés, des frères pour la vie.

La pêche à la carpe en Scandinavie, en Suède où j'ai grandi et en Norvège où je me trouve actuellement, est extrêmement marginale en termes d'eaux. La carpe est considérée comme quelque chose d'étrange et d'étranger par les gens ordinaires (et les autorités) et il n'y a donc qu'un nombre infime d'eaux qui contiennent réellement de la carpe. Et celles qui le sont sont généralement peu peuplées, les eaux courantes n'existent pratiquement pas. J'aime beaucoup pêcher dans cet environnement, avec tous les défis que cela comporte. Bien sûr, les hivers sont rudes, avec de la glace sur les lacs pendant 5 à 6 mois, mais cela fait partie du jeu. J'ai tendance à en tirer le meilleur parti aujourd'hui et je pêche même pas mal de carnassiers sur la glace en attendant le printemps. Le froid de l'hiver ajoute en fait à la joie pure, lorsque le printemps arrive et que l'on peut enfin ranger l'équipement de pêche sur glace et repartir sur les eaux libres.